Ma très chère
mémé,
En ton nom, nous
souhaitons tout d’abord remercier ceux et celles qui
ont eu la possibilité de venir t’entourer une
dernière fois aujourd’hui, qui partagent avec nous
ces moments douloureux.
Je souhaite
t’adresser simplement quelques mots.
A toi les mots
venaient en vietnamien, à moi ils ne viennent,
hélas, qu’en français, et nos conversations étaient
limitées de ce fait.
Pour autant,
j’aimais tant ce chant venu de loin, le son de ta
voix qui berçait les moments en ta présence qui nous
était si chère.
Et pour autant
nous nous comprenions, car il est un langage
universel au-delà des barrières de langue, au-delà
des continents qui nous ont séparés bien trop
longtemps. Il est un langage sans parole qui est
celui de l’amour que tu as su donner sans compter à
tous ceux qui ont eu l’honneur de croiser les
chemins, oh combien sinueux, de ta vie.
Parler de ta
vie, ma princesse du Siam, quel défi ! Nous ne le
relèverons pas ici, pas aujourd’hui ! Nous
n’évoquerons pas les épreuves, les souffrances, les
déchirements de ton existence et du siècle que tu as
traversé.
Car nous sommes
réunis pour accompagner ton départ, et en cet
instant, nous devons surtout nous rappeler d’une
mère, d’une belle-mère, d’une grand-mère, d’une
arrière grand-mère, d’une sœur, d’une tante qui
portait en elle un courage, une volonté, une
combativité sans faille.
Non, la vie n’a
pas été tendre avec toi, mais tu t’es toujours
redressée avec la plus grande dignité qui soit, tu
n’as pas perdu le sourire, le rire que nous aimions
tant partager avec toi. Tu savais garder espoir et
jamais ne te plaignais-tu.
Parmi les
phrases que tu maîtrisais en français, il y avait
parfois juste ce petit « ohhh, c’est difficile ! »,
destiné à plaindre les autres, car c’est toujours
aux autres, à tes proches que tu pensais. C’est ce
que nous ressentons aujourd’hui : se réveiller et
vivre dans un monde privé de ton amour, oohh, que
c’est difficile !
Mais nous qui
sommes si fiers de toi, fiers aussi d’être tes
enfants, petits-enfants et arrière petits enfants,
sœurs, frère, nièces et neveux, nous nous
efforcerons, je te le promets, d’être chaque jour à
la hauteur de ce que tu nous as donné.
Ainsi, nous te
laissons partir pour ce long sommeil que tu as pu
trouver en douceur, portée par notre infini amour
pour toi, ma chère mémé. Merci d’avoir pu te
rencontrer, merci d’être venue à nous, dans ta
langue cela se dit :
"Kam en nio lam.
Kam en nio lam, mémé."
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